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19 mars 2016

Robert Ramos m'a fait l'amitié d'écrire le texte

Robert Ramos m'a fait l'amitié d'écrire le texte de présentation de l'expo 

Là bas, tout au bout.

 

 

Une valise.

 

Autour de cet objet se décline l'installation de David Rebaud, en de multiples voyages.

Des valises, posées, là, qui auraient pu garder leur silencieuses postures, gisantes compagnes offertes à nos yeux, nous incitant à aller plus loin, à creuser ce clos. Oui, n' être  que le  propre témoignage  de leur âge, de leur usure, de leur revêtement satiné ou rugueux, de tailles diverses, avec leurs roulettes ou leurs coins chromés, sombres, argentés, étriquées ou bombées, cerclées, cabossées. Sans doute aurions nous eu alors cette envie de reconnaître en une telle, une scène émouvante d'un film sur un quai brumeux, en telle autre, une présence dans un métro, un coffre de voiture trop petit ou encore celle dont on soulage un proche au moment de son retour dans le cercle familial...

 

Quelles sont ces mains d'hommes, de femmes et d'enfants que nous ne pouvons voir ?

Quel fut leur voyage ?

 

Un premier visage naquit donc sur les flancs toilés. Un portrait féminin, très près, à l'expression contenue, dissimulé par une végétation luxuriante. Cette femme ne nous en dira pas plus, nous laissant ce dialogue entre elle et cette valise, peut être la sienne, mais nos certitudes resteront suspendues à son regard fixe, à ces ombres allongées courant sur sa peau, à cette douce inclinaison de son cou enserrée aux limites strictes du renfort de la valise, cette ligne en relief, cette frontière qui nous rejette dès lors avec violence, désignant la poignée déformée comme seule réalité. Il faudra revenir dans ses yeux et tenter de s'abstraire à cette poignée, à cette fermeture éclair qui un jour scella cette valise.

 

Existe t'il de légères valises ?

 

David Rebaud décrit le voyage subit, le voyage malgré moi, le voyage tricherie, mensonge, souvent horrible comme avec ces ombres de mémoire, ces déportés juifs, évanescentes silhouettes dignes, les bras le long de leur corps, attendant dans leur habits rayés la fin programmée de leur voyage, leurs valises entassées près d'eux, monticule, immondice de l'Histoire.

 

Ailleurs une carte collée, un pays avec ses noms, ses villes, ses routes, vu à plat, froidement représenté, vers lequel se tendent les portraits de familles arrachées au leur, en une fresque géopolitique en rouge et bleu d'où tentent d'exister enfin ces visages.

 

Quelques valises ne résisteront pas devant l'horreur de certains voyages, maculées d'un noir métallique, elles se sont éventrées, révélant les gravats de l'arrachement, des violences qui tuent.

Des peluches engluées, un poupon qui essaie de s'extirper, le regard vers plus haut, plus loin, assurément ailleurs.

 

L'espoir ?

 

Alors David Rebaud nous laisse avec ces valises quais, portuaires, où une île tout au bout du voyage, presque dissimulée se recouvre encore d’intimité. Des valises bateaux, toute voile dehors, surmontées de petites sculptures à l'image de l'homme, encore grossières, en naissance, en renouveau, là bas, tout au bout du voyage.

 

Robert Ramos

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